The Saints / Big hits on the underground
The Saints
Big hits on the Underground
L'histoire,
c'est bien connu, ne repasse jamais les plats. Si la vie était bien
faite, Chris Bailey aurait récolté les fruits de son génie et les
foules n'auraient pas manqué d'aduler celui qui réussissait si
parfaitement l'alliance des mélodies divines et des guitares marquées
au fer rouge. Manque de chance, la carrière des Saints n'a jamais
décollé et Chris, plus qu'aucun autre, aura passé plusieurs décennies à
bouffer les pissenlits par la racine. On l'a même cru perdu à jamais
pour la musique quand il s'est parfois noyé dans la boisson. Mais 2005
sera une grande année, une année faste. On nous annonce un très bon
nouvel album des Saints et on espère que l'époque lui rendra enfin
justice en lui permettant d'assurer ses vieux jours. En attendant, il
n'est jamais trop tard pour bien faire et se procurer cette excellente
compilation qui couvre toutes les époques. Du rock high energy des
débuts (un peu trop vite assimilé au punk naissant de la fin des années
70) jusqu'aux derniers albums plus dispensables des nineties. Mais les
pépites se nichent assurément dans les enregistrements New Rose. Sans
rien renier de l'énergie des débuts, Bailey touche au sublime en
convoquant cuivres et cordes au service de ces rocks taillés dans les
meilleures mélodies. "Photograph'' arrache toujours les larmes et
Bailey est régulièrement bouleversant quand il hurle sa détresse sans
jamais verser dans le pathos. Les disques suivants chez Polydor sont
tout aussi recommandables et contiennent leur lot de classiques
instantanés que l'on retrouve ici, beaux comme au premier jour ("Just
like fire would", "temple of the lord", "Grain of sand"). A ce niveau
là et avec cette constance là, je ne vois guère que les Stones ou
Creedence pour rivaliser. La seule différence et au risque de me
répéter, c'est que les Saints, eux, n'auront jamais rien récolté.
Qu'importe, ce qu'ils ont semé fait d'eux, l'égal des plus grands.