Ryan Adams / Jacksonville City Nights
Ryans Adams
Jacksonville City Nights
Il faut
sauver le soldat Ryan... Il faut le soutenir envers et contre tout... Contre
les maisons de disques qui, bientôt, vont le lâcher, incapables de suivre son
rythme effréné (ce nouveau disque sort 4 mois après le précédent, qui était,
rappelons le, un double album). Contre ses thuriféraires habituels qui déjà ne
voient en lui qu'un poseur, un habile faiseur. Contre lui même. Combien de temps
tiendra t'il à ce rythme là ?
Ce type chante
comme un dieu, écrit des chansons magnifiques (sûrement plusieurs par jour), il
est, à lui seul, le plus crédible héritier de Gram Parsons, le pendant jeune et
fougueux du Steve Earle (période "Train a comin") et il a
indéniablement l’étoffe d’un rassembleur, à la manière du Loner ou du Boss par
exemple. On peut donc faire la fine bouche... Mais, sur ma platine, c'est ses
disques qui tournent en boucle. C'est ses chansons qui mettent du baume sur les
plaies du quotidien. Ce nouveau disque suit donc de peu le déjà très bon Cold
Roses… Et il est encore meilleur… Plus resserré, plus près de l’os. C’est de la
country. Mais la meilleure, celle des rebelles, des punks et des rockers qui, quand
ils posent les armes et s’assoient pour en pousser une petite, dévoilent les
plaies et les bosses et laissent entrevoir les grandeurs de leur âme. Bien sur,
j’exagère un peu… Tout n’est pas parfait dans ce disque sobrement produit par
Ian Caple (Deus, Bashung etc…). A cette cadence là, on n’évite pas les
remplissages ou les choses plus dispensables. Mais pour quelques ballades à
tomber (« the end »), ces délicieuses lampées de pedal steel, ces
subtiles harmonies des voix féminines et masculines (on n’a pas entendu mieux
depuis Gram Parsons et Emmylou Harris) et ce chant de prince blanc, il faut
sauver le soldat Ryan.